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nets s’étaient emparés de quelques creux dans les corniches, et y avaient élevé leurs petits plusieurs années de suite, jusqu’à ce qu’enfin les insectes qu’ils introduisaient avec eux dans la maison, eurent déterminé le propriétaire à s’occuper d’une réforme. On appela des charpentiers pour nettoyer la place et fermer les ouvertures par où les oiseaux s’introduisaient. Cela fut bientôt fait. Les martinets paraissaient au désespoir ; ils apportèrent de petites branches et d’autres matériaux, et recommencèrent à construire de nouveaux nids, en quelque endroit du bâtiment que restât un trou. Mais on leur donna si bien la chasse, qu’après de nombreuses tentatives, la saison se trouvant trop avancée, ils furent contraints de déguerpir et se retirèrent aux environs de la plantation, dans quelques creux d’arbres qui autrefois avaient appartenu à des pics. Au printemps suivant, on bâtit un logement tout exprès pour eux ; et c’est ce qui se pratique généralement chez nous, où l’on considère ce martinet comme un voyageur privilégié et comme l’avant-coureur du printemps.

La voix du martinet n’est pas mélodieuse, mais cependant ne laisse pas que de faire beaucoup de plaisir. On aime surtout à entendre le gazouillement du mâle, pendant qu’il courtise sa femelle. Ses chants, des premiers qui retentissent au matin, sont bien accueillis de tout le monde. Le fermier laborieux se lève de sa couche dès qu’ils ont frappé son oreille ; bientôt après, ils se mêlent aux concerts des autres oiseaux, et l’homme des champs, certain d’un beau jour, reprend ses travaux pacifiques avec une nouvelle ardeur. L’Indien,