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fut que quelques années plus tard que je le rencontrai de nouveau, un jour que j’étais occupé à ramasser des écrevisses sur un de ces bancs de sable qui bornent et divisent la rivière Verte, dans le Kentucky, non loin de sa jonction avec l’Ohio. La rivière, en cet endroit, est bordée par un rang d’écueils qui suivent quelque temps ses ondulations. Sur ces rochers, presque perpendiculaires, je remarquai une quantité d’excréments blanchâtres, que j’attribuai d’abord à des hiboux. Je fis part de cette circonstance à mes compagnons, et l’un d’eux, qui demeurait non loin de là, me dit qu’ils provenaient du nid de l’aigle brun, voulant indiquer l’aigle à tête blanche, non encore adulte. Je l’assurai que ce ne pouvait être l’aigle brun, puisque ni les jeunes ni les vieux de cette espèce ne bâtissent jamais sur les rochers, mais toujours sur les arbres ; et bien qu’il ne pût rien répondre à mon objection, il n’en continua pas moins à soutenir que l’espèce n’y faisait rien et qu’un aigle brun, de taille plus qu’ordinaire, devait avoir bâti là ; que lui-même, après avoir guetté le nid quelques jours auparavant, il avait vu l’un des vieux plonger et rapporter un poisson : chose qui cependant lui avait paru étrange, car il avait toujours observé jusqu’alors qu’aigles bruns, aussi bien qu’aigles de mer, ne se procuraient ce genre de nourriture qu’en le volant au faucon pêcheur. Il ajouta que, si je voulais absolument savoir à qui ce nid appartenait, je pourrais bientôt me satisfaire, les parents ne pouvant manquer de revenir pour apporter du poisson à leurs petits, ainsi qu’il les avait déjà vus faire.