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Elle seule, si elle le voulait, pourrait s’occuper de ces choses ; car, à part les bûcherons logeant au hasard des huttes, il n’y avait personne dans le voisinage. Mais la mère Marienne, avec sa voix forte et ses yeux si noirs, faisait un peu peur à Valserine. Son père lui avait pourtant assuré qu’elle n’était pas méchante et qu’elle leur portait à tous deux une réelle affection ; mais, une fois, Valserine l’avait vue jeter des pierres aux douaniers tandis qu’ils dévalaient un chemin creux. Elle-même n’osait plus dévaler ce chemin, persuadée qu’elle pouvait aussi recevoir des pierres. Cela ne l’empêchait pas, aujourd’hui, de prendre la vieille femme en pitié. Comment ferait-elle pour vendre ses œufs et ses fromages, elle qui avait tout juste la force de conduire aux champs sa vache et ses chèvres ? Depuis que son fils était en prison, c’était le père de Valserine qui vendait les produits à Mijoux où il avait souvent à faire pour lui-même. Et voilà que les deux hommes manquaient à la fois.

Tandis que Valserine réfléchissait à tout cela, le jour s’était levé ; elle ne s’en aperçut