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connaissaient. Des femmes pleuraient, on ne savait pourquoi, car jusqu’alors aucun de ceux qui étaient là n’avait fait montre d’affection ni même de respect pour ce vieux grigou, ainsi qu’ils l’appelaient. Ils donnèrent des détails sur le mal subit qui l’avait emporté, tout en y ajoutant des sarcasmes et des mots de rancune.

— Oh ! ce n’est pas la graisse qui l’a étouffé, ni la bonté qui a fait éclater son cœur ! — Heureusement qu’on l’a mis dans une boîte en plomb, ainsi, sa poussière ne pourra pas s’envoler sur les autres. — Des durs comme celui-là, ça pousse bien sans qu’on les sème…

Nestin et Nestine se récrièrent sur cette boîte en plomb, qui garderait seule et à jamais la poussière de cet homme. Oh ! ils ne voudraient pas cela pour eux-mêmes ; au contraire, ce qu’ils désiraient c’est que leur poussière s’unisse comme s’étaient unis leur esprit et leur cœur.

Ils oublièrent le plomb lorsque les hommes chargèrent sur leurs épaules un cercueil fait d’un bois clair, lisse et brillant comme un mi-