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« Dis donc, il lui en reste encore beaucoup sur ses plus grosses branches. » Et Nestin, d’un air de menace, répondait aussitôt : « Je trouverai bien le moyen de les lui prendre. »

Mécontents de la maigre provision et désespérant de l’augmenter, il leur venait une colère contre l’arbre bossu. Il leur semblait qu’on leur avait vendu, en même temps que la maison et le clos, une bête vicieuse et rétive, qu’il fallait surveiller et châtier afin de la rendre obéissante et douce. Et, retournés auprès du néflier, armés du bâton crochu, ils lui tordaient ses branches à les briser, en déchiraient la mince écorce et en abattaient cruellement les fines branchettes. Il fallait bien faire comprendre à cet arbre révolté qu’ils étaient les maîtres.

Mais, à le torturer ainsi, ils récoltaient pour eux-mêmes plus de désagréments que de nèfles.

Décembre arriva. La température restait douce, les pluies peu abondantes ne grossissaient pas la rivière. Et le néflier, qui se débarrassait tous les jours un peu de ses feuilles jaunies, montra par un dimanche plein de