Page:Audoux - La Fiancee.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demande eu mariage que tu es forcée de l’épouser.

Mme  Pélissand fit un geste vague de la main et Marie reprit :

— Chaque fois qu’un jeune homme est venu me demander en mariage, tu m’as défendu d’accepter…

Mme  Pélissand baissa la tête.

— …Et quand j’ai voulu quand même me marier avec Julien que j’aimais tant, tu m’en as empêchée, en disant que mon devoir était de ne pas t’abandonner. Tu m’as dit que la mort de mon père nous laissait dans la misère. Alors je me suis mise au travail et j’ai refusé le bonheur et maintenant je sais que mon Julien s’est lassé d’attendre et en a épousé une autre… et tu m’apprends que tu vas me quitter pour épouser un homme que tu n’as jamais aimé et qui t’es resté étranger depuis tant et tant d’années.

Mme  Pélissand avait la tête si basse qu’on eût dit que son front allait toucher sa poitrine, on ne voyait plus que sa nuque où sa chair se séparait et formait comme deux cordes.