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qu’elle se trouva face à face avec le bouleau solitaire qui l’avait si souvent attristée, elle se mit à rire en le voyant secouer fortement ses feuilles jaunies comme pour se débarrasser d’un vêtement usé.

Le voyage continuait, rapide. Bernard qui connaissait tous les passages secrets n’en négligeait aucun, et se servait peu de la route. Dans les sentiers resserrés où on ne pouvait avancer qu’un seul à la fois, il se retournait à tout instant vers sa compagne pour l’encourager du regard. Et chaque fois, dans ses yeux brillants et noirs, comme ceux de sa grand’mère, Valserine retrouvait la douceur et la tranquillité qu’il tenait de son père.

Ils se reposèrent un moment sur les hauteurs de Montbrillant d’où ils pouvaient voir Saint-Claude enfoncée au creux des monts, et qui semblait une ville tombée au fond d’un gouffre. Ensuite ils dépassèrent des tailleries de diamants, des moulins, des scieries, où le travail battait déjà son plein ; puis ils laissèrent derrière eux un village et entrèrent enfin dans la ville où ils gagnèrent presque en courant la fabrique de pipes.