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que l’orage tourne en rond et qu’il ne peut s’éloigner. Il se fait tard, la femme offre un peu plus de nourriture, et toujours, elle rit du visage consterné d’Églantine qui s’épouvante d’être à cette heure tardive à plus d’une heure de marche du Verger.

La nuit s’est faite tout entière sans qu’il y ait le moindre changement. La femme offre alors, au frère et à la sœur, la chambre de ses garçons, partis au loin faire la moisson. Elle leur montre deux lits, séparés par une fenêtre, où ils pourront dormir un peu. L’orage finira bien par se calmer, et alors, au petit jour, et même avant s’ils le désirent, car il y aura de la lune par ciel découvert, ils pourront retourner chez leurs parents. Elle leur indique une porte de sortie par où il leur sera facile de quitter la maison sans réveiller personne.

Elle rit de nouveau, leur souhaite bonne nuit et s’en va.

Longtemps ils restent dans la chambre sans bouger. Assis sur l’un des lits, ils n’osent ni parler ni se coucher. Noël, qui soutient dans ses bras la tête de sa fiancée, respire sans se lasser le parfum singulier qu’il essaie une fois de plus d’assimiler à certaine plante. Et tout à coup il se souvient de ce qu’en a dit son père, un jour