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    Ah ! si je chante c’est la tendresse
    De trop aimer mon aimable berger.


Et la chanson se déroulait, simple et claire, fraîche et saine comme l’eau du tout petit ruisseau de la source voisine.

Douce écoutait avec ses yeux autant qu’avec ses oreilles, et Noël n’apportait pas moins d’attention. Tous deux, épaule contre épaule, avec le chien couché par moitié sur leurs jambes, ils en oubliaient le jeu et la pêche. Dès que la mère Clarisse avait fini une chanson, vite ils en réclamaient une autre. Ils ne la prenaient pas au dépourvu, elle en savait tant ! Noël réclamait surtout la chanson du roulier :


    La grand’route comme un ruban,
    tout le long se déroule.


Il reprenait au refrain, d’une voix déjà forte :


              Entendez-vous
              l’essieu crier
              sur le gravier


Il semblait que c’était lui le roulier, il balançait le torse comme s’il marchait allègrement auprès de Cadet, le beau limonier, et