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cachette. Mais Douce n’avait pas envie de pêcher. Tout ce qu’elle avait vu et entendu la laissait étourdie, et elle n’apportait d’attention à rien.

— Tu tiens ta ligne comme une oie ! disait Noël en riant.

Il répétait ainsi les mots que Mlle Charmes avait l’habitude de dire à ses élèves maladroites. À peine si Douce riait. Elle était lasse, si lasse qu’elle quitta bientôt la pêche pour aller s’étendre, à quelques mètres, sous un sapin qui gardait à son pied un rond de terre sèche.

Et ce qui devait arriver arriva.

Noël, occupé à dégager sa ligne des herbes, n’entendit le pas de son père que lorsqu’il fut tout près de lui. Troublé par cette arrivée, il eut un regard inquiet vers sa camarade. Mais le père avait déjà vu :

— Qui est cette petite fille ? demanda-t-il.

— C’est la petite Lumière !

— Ah ! fit seulement le père.

Il ôta son fusil de l’épaule, le mit en sûreté et vint s’asseoir auprès de Noël. Il dit son inquiétude à cause de la pluie, et s’étonna que le garçon ne fût pas mouillé.

— Tu n’étais donc pas dehors, ce matin ?

— Non ! Je suis entré chez le père Lu-