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Les oreilles bouchées par le vent qui les poursuit et les transperce, ils quittent leur abri. Et, ruisselants, échevelés et rieurs, ainsi que deux enfants retour d’une escapade dangereuse, ils regagnent la maison où Christine et Jacques les reçoivent avec des exclamations bruyantes et variées qui éloignent pour un instant le bruit de la tempête.

Toute la nuit encore le vent hurla, tournant comme un fou autour de la maison, frappant à la porte et aux volets, courant sur le toit dont il faisait craquer les traverses, arrachant les tuiles roses et se glissant par les trous pour composer une musique de terreur et de folie. Églantine pense aux paroles de Raymond : « C’est à vous qu’elle en veut. » Peut-être que le vent lui en veut aussi, et que c’est contre elle qu’il hurle si fort. Son cœur se dérange de nouveau. Elle craint ces tuiles qui roulent et se brisent au-dessus de sa tête. Elle a peur de ces charpentes qui gémissent comme des êtres humains. Serait-elle donc la cause de cette tempête dont s’étonnent même les vieux marins en cette saison d’été ?

Écrasée par une lassitude de tout le corps, elle sommeille pendant les minutes d’accalmie ; mais son sommeil est trop faible pour