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Elle s’en inquiète. Des réminiscences de contes de fées lui reviennent. Aurait-elle dormi ainsi que la Belle au Bois, pendant des semaines, des mois, des années ? Cependant elle se souvient que la plaque du foyer, malgré sa bonne chaleur, n’a cessé de lui meurtrir les côtes, et qu’elle n’a pas trouvé là un sommeil très profond. Troublée, elle sort du Verger pour voir si quelque chose a changé au loin. Et, tout aussitôt, elle aperçoit Marguerite, déjà parée, qui lui fait signe de se hâter pour la messe. Elle se moque un peu d’elle-même et rentre vite pour mettre sa robe des dimanches.

Dans la sapinière les arbres bruissent fortement dans l’air froid, et des cris d’oiseaux viennent de l’étang. Elle a envie d’aller voir les canards aux riches couleurs qui ne font que passer. Ils n’étaient pas là hier, et n’y seront plus demain. Mais elle entend sonner le premier avertissement de la messe, et elle repousse son désir, ainsi qu’elle ferait de cailloux encombrant son chemin.

Devant la maison de la mariée, des couples en grande toilette sont entourés de tous les gamins du village. Des hommes rient, parlent haut et disent des plaisanteries aux jeunes filles en âge d’être mariées.