Page:Audoux - Douce Lumiere.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais les larmes lui ôtent la parole. Elle tord, elle ploie son jeune corps. Elle veut retenir Noël qui cherche à se dégager :

— Écoute, écoute, Luc a menti !

Les larmes l’étouffent. Accrochée des deux mains aux vêtements de Noël, son visage tendu vers lui, elle implore, elle supplie de toute la détresse de ses trop grands yeux :

— Écoute, écoute, Noël !

Tendrement, longuement, comme l’autre fois, elle reçoit un baiser sur le front. Et Noël s’enfuit tandis qu’à travers les grands sapins, une voix pure et désolée le poursuit :

— Écoute, écoute…

Noël est parti, parti pour la vie. Son intuition de toutes choses le dit clairement à Églantine. Le corps infléchi comme si elle allait tomber, elle regarde une forme presque indécise déjà et qui décroît rapidement. Une affreuse douleur lui broie la nuque et le front. Toujours penchée, elle ne voit plus la forme rapide, mais elle entend le craquement des branchettes foulées. Cela