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Revenue dans la chambre, Églantine s’aperçoit que l’araignée couleur de sable n’est plus dans sa maison. C’est vrai, elle était partie ces temps derniers, Églantine l’avait oubliée ; mais, après tant de jours, elle pense bien qu’elle ne la reverra plus. Il lui en vient une tristesse, comme de la perte d’une compagne. Dans l’encoignure, le tube est affaissé, la toile est déchirée, et le tout ne forme plus qu’une chose légère qui se soulève et s’agite au moindre souffle comme un signe d’adieu.

Dehors le ciel est pur et annonce une journée de gel. Hier déjà le froid était vif comme en hiver. À tourner sans but dans la maison, Églantine s’est mise en retard pour son travail, et maintenant elle se hâte. Mais Tou, au lieu du chemin habituel, prend celui de l’étang. Il va, le nez levé, comme tiré en avant. Il essaye même de courir. Églantine sait ce que cela veut dire. Elle le suit, le cœur tout en désordre, et autant que lui incapable de courir. Une gaieté soudaine lui vient et lui fait tout oublier. Elle ne sait même plus qu’elle est dans la sapinière. Elle marche dans un chemin large et clair où nul obstacle ne lui cache le but qui est plus brillant que le soleil matinal. Mais alors, pourquoi donc ces larmes chaudes qui ruis-