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VIII


Ce matin Églantine est comme étourdie de peine. Noël n’est pas venu au Verger pendant son séjour à Bléroux, et elle sait qu’il doit partir aujourd’hui même, quinze novembre. Toute la nuit elle a espéré, prêtant l’oreille aux bruits du dehors, mais elle n’entendait que le raffût des rats dans le grenier proche. À quoi pouvaient-ils donc jouer ? Aux boules, on aurait dit. Et ces cris, qui éclataient comme des rires ! Jamais non plus elle n’avait vu tant d’araignées. Elles se groupaient, comme pour parler en secret, puis se séparaient et disparaissaient pour revenir plus nombreuses encore. Tout en pensant à ces choses, Églantine s’apprête pour aller à son travail. Elle est sans courage et sans force. Elle tourne dans la chambre, regarde chaque objet comme si elle le retrouvait après une longue absence. Elle touche tous les bibelots qui sont sur la commode, et retourne le cadre pour lire ce