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avait dans le regard plus de moquerie que de haine.

Pour ce dimanche, qui devait être un jour de fête, Noël ne vint pas au Verger comme à son habitude. Églantine l’attendit sans trop d’inquiétude. Cependant lorsque le soleil commença de descendre, une angoisse lui serra la poitrine. Mère Clarisse la devina, cette angoisse, et puisqu’elle était assez forte pour rester seule, elle obligea la jeune fille de sortir un peu. Elle pensait qu’une visite à Marguerite Dupré donnerait du contentement aux deux amies. Mais ce ne fut pas ce chemin là que prit Églantine, ce fut celui de l’étang. Ce chemin, elle le prenait chaque fois qu’un souci la tourmentait. Cet étang, pour elle, était un être mystérieux, solitaire et sage, qui vivait de silence, de vent, de pluie et de chauds rayons de soleil qui, à l’heure du midi, le pénétraient jusqu’au fond.

Lorsqu’elle l’avait contemplé un long moment et qu’elle en avait fait plusieurs fois le tour, elle regagnait son logis le cœur apaisé et la pensée sereine.

Aujourd’hui, l’étang semble dormir, il n’y a pas de vent pour en friser la surface, pas de pluie pour en troubler la limpidité. Et à cette heure les rayons du soleil passent bien