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dit qu’ils étaient endormis et chantaient sans le savoir.

« Je voudrais pour le reste de ma vie demeurer dans la chambre abandonnée du moulin. J’y entrerais un jour toute vêtue de blanc. Ce serait par un soir de haute lune et il n’y aurait pas besoin d’allumer les flambeaux. Sur les marches de pierre les lupeaux viendraient souffler dans leur flûte d’or et, par la fenêtre ouverte, le vent apporterait tout le parfum des tilleuls en fleurs. Mes pensées alors s’envoleraient une à une et j’entrerais doucement dans le sommeil. »


La lettre de Reine se termine sur deux lignes biffées au point de ne pouvoir en lire une seule phrase.

Je la replie lentement et la remets dans ma poche :

« Reine, petite fille de dix-sept ans, l’amour serait-il venu à toi déjà ? »