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Le poing frappe plus durement, et la voix crie plus fort :

— Annette ! Ouvre, c’est ton Firmin.

J’atteins enfin la porte, et, l’instant d’après, sur le seuil obscur, deux êtres s’enlacent et ne peuvent plus se séparer.

La lampe rallumée, Firmin, devant ma surprise de le voir en habit civil, m’apprend que le grand-père de sa fiancée est mort et qu’il vient d’accompagner la jeune fille à Marseille chez une parente, où elle doit passer le temps de son deuil.

Tout cela dit précipitamment, Firmin s’étonne de l’absence de Valère et de la table si bien garnie. Je lui montre le télégramme, et il comprend d’où vient la tristesse de mon visage. Je la refoule cette tristesse, je l’oublie même auprès de mon frère chéri, et c’est de bon cœur que peu après je partage avec lui le fin dîner que j’avais préparé pour Valère.

Firmin qui a quatre jours de permission ne pourra en passer que deux ici, à cause de la longueur du voyage, mais ce sera, comme l’a dit Valère, deux jours de grande fête.

Le lendemain nous trouve joyeux et reposés, et nous nous promenons par la ville ; je mène Firmin devant le magasin de chaussures dont les rideaux de fer, à demi-baissés, laissent voir l’arrangement plein de goût des vitrines. Nous revenons chez nous par le sentier du bord de la mer où ne passe personne. Je montre à Firmin le cactus inquiétant, et je le retiens longtemps auprès de mes amis, le vieil olivier et ses trois bestioles. Rentrés dans la maison, toutes fenêtres ouvertes