Page:Audiffret - Système financier de la France, tome 2.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les épreuves et les déclarations des hommes les plus versés dans la science de l’agriculture auraient suffi pour dissiper les illusions qu’on s’était plu à répandre sur les avantages que l’on pourrait tirer du sel dégrevé de l’impôt dans l’engrais des terres et des bestiaux[1], si l’expérience de l’Angleterre, qui a renoncé, pour cette trompeuse espérance, à toute taxation de cette matière imposable, ne nous avait pas pleinement et définitivement démontré que la consommation de cette denrée, parvenue au degré où les besoins réels sont satisfaits, n’est plus susceptible de s’accroître, que l’amélioration du sol ne réclame presque jamais l’emploi de cette substance trop active, et qu’elle appauvrit plus qu’elle ne relève les différentes races d’animaux, lorsqu’elle leur est donnée comme un aliment ordinaire.

Ces assertions reposent en effet sur les données les plus incontestables. Ainsi les résultats publiés en France par M. Necker ont prouvé qu’il n’existait autrefois aucune différence entre la consommation des provinces taxées à 10 et à 28 fr. le quintal métrique, bien qu’elle fût réduite de la moitié par le prix exorbitant de 124 fr. payé par les populations les plus grevées. Pendant les douze années d’immunité d’impôt qui se sont écoulées de 1793 à 1805. la consommation ne s’est presque pas élevée et n’a pas été dirigée vers l’agriculture ; en Angleterre, avant la franchise, l’habitant de l’Écosse employait à sa nourriture, au prix de 35 fr. le quintal, une quantité égale à celle de chaque Anglais qui le payait alors 80 fr., et depuis la remise entière du droit dans la

  1. Voir les Annales agricoles de M. Mathieu de Dombasle.