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de l’usage du droit de remboursement.


Mais la loi suprême du gouvernement, pour user de ce droit, comme de tous les autres, est évidemment celle du bien publie ; il convient alors d’examiner si cette grande mesure est à la fois juste envers tous et favorable à l’intérêt du pays. Ainsi que nous l’avons précédemment exprimé, la prudence exige que les fruits de la paix réparent les dommages de la guerre et de la mauvaise fortune. Une nation qui s’abandonnerait aveuglément aux bienfaits de la Providence, sans se prémunir contre des vicissitudes contraires, s’exposerait, en finances comme en politique, à de graves embarras et à de funestes déceptions. La libération des temps difficiles est le devoir le plus impérieux des jours de l’abondance. Trop de confiance dans l’avenir ne saurait préparer que le déficit et l’insolvabilité du Trésor la prospérité prévoyante doit toujours s’imposer le remboursement des charges du malheur.

L’un des points principaux de cette discussion doit avoir pour objet de mesurer l’importance de la dette, et de déterminer la juste proportion qu’elle peut conserver avec les ressources probables et les besoins éventuels de l’État. Cette appréciation est sans doute fort difficile, puisque les bases en sont aussi mobiles que les chances variables de la fortune publique. Si nous établissons nos calculs sur la situation des finances et de la richesse générale en 1840, nous serons conduit à conclure que les 166 millions de rentes de toute nature inscrites sur le grand-livre, à cette époque, ne dépassaient ni les