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somme de 40,216,000 francs seul et faible débris d’une dette annuelle de 175 millions, dont la banqueroute s’était cachée sous des compensations illusoires.

On doit se rappeler également que la misère et l’effroi de la plupart des créanciers primitifs leur ont fait vendre leurs titres originaires, au moment où la liquidation en fut suspendue par l’exécution de la loi du 30 septembre 1797, à des acquéreurs plus aventureux qui en sont devenus propriétaires au prix courant d’une seule année d’arrérages pour le capital abandonné par leurs malheureux prédécesseurs.

Sans arrêter notre pensée sur ces affligeants désordres, qui frappaient en même temps l’agriculture, le commerce et l’industrie par un inflexible maximum, les transactions publiques et privées par le papier-monnaie, et la propriété mobilière et immobilière par la confiscation, nous nous bornerons à ajouter que nous avons tous définitivement accepté la part qui nous a été faite dans ce commun désastre, si ce n’est cependant après avoir racheté le domaine national de l’odieux de cette confiscation et d’une dépréciation politique aussi onéreuse pour le Trésor et pour le pays que pour les nouveaux propriétaires. Ce grand acte de réparation accompli en 1828 a marqué le terme des sacrifices que l’amour de la patrie nous a fait supporter, et qui ne nous paraîtront jamais trop chers, s’ils peuvent préserver l’avenir des fautes passées. Dans le débat financier qui nous occupe, effaçons donc de notre mémoire ces déplorables souvenirs, comme se sont effacés des pages du grand-livre, par l’incessante mobilité des transferts, presque tous les noms de ces anciennes victimes de nos malheurs publics.