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vables, en pénétrant sans cesse dans toutes les bourses du riche et du pauvre d’une manière à peu près insensible et presque inaperçue. C’est à cet ingénieux système de perception, assez habilement organisé pour permettre à la main invisible du Trésor de s’introduire sans contrainte et de puiser sans résistance dans les sources les plus cachées de tous les genres de fortunes, que nous devons l’incontestable supériorité de notre administration financière ; tandis que l’imperfection des formes suivies par quelques autres nations moins avancées que la nôtre en matière de tarif, les réduit à l’impuissance d’imposer directement toute leur richesse publique, et les oblige à frapper, en masse, avec l’extrême rigueur d’un impôt direct attaquant la personne, le revenu individuel de chaque habitant, arbitrairement évalué sur des données conjecturales résultant de recherches inquisitoriales aussi incertaines et aussi vexatoires qu’elles seraient intolérables à l’impatience de notre caractère et à la délicatesse de nos mœurs.

C’est également par la diversité de nos taxes indirectes et par la souplesse vigilante des procédés de leur application sur une matière imposable, évidente et incontestable, que nous suivons tous les progrès de la richesse publique et que nous la rendons facilement et inévitablement tributaire du Trésor, en proportion de l’activité et de l’étendue de son développement.

Ne nous laissons donc jamais entraîner par la témérité des esprits théoriquement novateurs à porter atteinte à cette belle organisation des finances fondée sous le premier empire, améliorée par l’expérience des pouvoirs successifs et qui a procuré, dans tous les temps,