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velles instances et par de plus puissants motifs qu’avant l’émancipation des noirs, avait été préparée, dès l’année 1845, par une série de mesures législatives inspirées à la sollicitude éclairée de la commission supérieure des affaires coloniales, et publiées à la suite du remarquable rapport de son président.

Les difficultés et les embarras de la situation faite aux colonies par la subite suppression de l’esclavage, doivent sans doute exiger la concentration d’une autorité plus absolue et plus prompte que celle d’un préfet dans les mains d’un gouverneur ; mais nous regretterions que l’on crût devoir persister à accumuler sur l’unique Ministère de la marine toutes les attributions de l’administration coloniale. Les intérêts si nombreux et si divers de ces possessions lointaines seraient bien plus promptement servis et beaucoup mieux protégés par le concours expérimenté des chefs de chaque administration spéciale, que par l’action isotée et nécessairement insuffisante d’une seule direction ministérielle trop souvent dépourvue des connaissances diverses, devenues indispensables pour satisfaire les besoins variés et pressants de ces îles françaises, et surtout pour les accoutumer, aussitôt que possible, aux lois ; aux règlements et aux méthodes appliqués par les différents administrateurs de la métropole.

Cette émancipation administrative des colonies les ferait participer aux bienfaits d’un régime légal, dont elles ont été trop longtemps déshéritées par une autorité inquiète et jalouse, qui ne doit plus s’isoler, ni comprimer à l’avenir l’amélioration progressive de leur situation morale et matérielle.