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« Ne seraient-ils pas encore autorisés, s’ils pouvaient être entendus dans nos assemblées législatives, à nous répéter, à présent comme à d’autres époques, que le pécule des noirs sera bien plus fécond et mieux assuré au bien-être des esclaves par la générosité prévoyante du colon que par le commandement de la loi, qui remplace le bienfait par un droit, acquis, le bienfaiteur par un propriétaire dépossédé, et le serviteur reconnaissant par un homme indépendant, envieux et peut-être enclin au vol ?

« Ne devraient-ils pas nous avertir aussi que le rachat forcé fonderait encore plus profondément l’antagonisme du chef de la famille de chaque plantation avec tous les membres qui la composent ?

« Ne pourraient-ils pas redouter de voir s’écrouler, sous l’ébranlement continuel de la lutte et de l’indiscipline, cette société spéciale, protégée dans son ensemble par un gouverneur métropolitain, mais dont chaque partie forme une petite agglomération d’habitants soumise au pouvoir patriarcal d’un maître absolu, veillant à lui seul, comme le représentant de la Providence, depuis leur naissance jusqu’à leur mort, sur chacun des enfants dont la destinée lui a été confiée tout entière par la volonté divine et par les lois de sa patrie ?

« Avant de renverser cet ancien édifice social, où la prévoyance et la responsabilité de l’autorité suprême se trouvent étroitement concentrées dans le sein même de la famille et remises sans réserve entre les mains de son chef, la prudence ne commande-t-elle pas de fonder des hôpitaux pour les infirmités et pour les souffrances de tous les âges d’offrir des ateliers de travail à l’oisiveté et au vagabondage de réprimer les désordres par des