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triotique, en abordant un sujet aussi vaste et aussi difficile que celui de la rénovation du régime de nos colonies.

« Lorsqu’il s’agit d’introduire la réforme dans la constitution d’une société organisée, on craint même de céder à la passion du bien et de se laisser entraîner par les innovations spécieuses de l’esprit révolutionnaire qui renversent le présent sans fonder l’avenir. On tremble de porter une main téméraire sur l’édifice de ces établissements élevés par le génie de Colbert, et qui ont si glorieusement contribué à la puissance et à la richesse de la mère patrie. On hésite surtout à devancer l’œuvre du temps, devant la déplorable expérience d’une nation notre émule en progrès et en perfectionnements, qui vient d’immoler une partie de ses colonies et de ses forces nationales aux impatientes illusions d’une philosophie présomptueuse.

« Cette grande déception de l’Angleterre n’a pas seulement remplacé, par toutes les misères d’une oisiveté antisociale, les biens féconds d’un travail civilisateur, mais elle a trahi, dans sa marche rétrograde, les plus chères espérances de la religion et de l’humanité.

« Cependant les ressources d’une continuelle abondance coloniale, les sacrifices d’une métropole opulente et généreuse, les secours des missions évangéliques les plus actives, avaient dès longtemps préparé, par les besoins de l’aisance et par une instruction progressive, les populations récemment affranchies aux mœurs et aux devoirs d’un nouvel état social.

« Nos colons, au contraire, soutenant avec peine le fardeau d’une existence difficile, à travers les vicissitudes