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serait stériliser, dans le pays de l’inspiration et du goût, les grandes et belles pensées ce serait enfin paralyser tous les efforts auxquels l’assistance du capital est indispensable pour accomplir des œuvres de bien public aussi favorables à la fortune qu’à la grandeur de l’État.

Quand une redevance imposée à la population a pour effet de satisfaire un besoin, un goût, une fantaisie, ou de payer, soit un service rendu, soit une garantie donnée par l’administration, le sacrifice du contribuable prend le caractère d’un libre échange entre deux parties où le débiteur se libère sans peine et presque sans le savoir, avec le Trésor public. Telle est, en effet, la nature particulière des droits indirects, que leur perception facile et opportune se justifie à tous les yeux et se confond ordinairement avec la valeur des objets livrés, ou avec le prix des avantages procurés à ceux qui les acquittent.

Lorsqu’il s’agit, au contraire, d’atteindre directement les personnes ou les propriétés, par un tarif mesuré sur des facultés conjecturales ou sur des valeurs approximatives, et de réclamer un tribut forcé, qui prélève, au profit de tous, une portion des revenus et des capitaux individuels, il est plus facile de calculer la quotité et l’échéance de ce genre d’impôt, sur les besoins du Trésor que sur les ressources effectives et disponibles des redevables, et il devient alors très-nécessaire de ménager, autant que possible, leurs forces contributives par des évaluations modérées, d’adoucir la rigueur des lois par l’équité de la jurisprudence et de choisir les moments les plus favorables à la rentrée des produits. Il importe enfin, pour les contributions dont les contingents sont fixés d’avance, et répartis proportionnellement aux facultés