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de 21S millions et un bénéfice réel de 186 millions. Il demeure donc évident que la liberté si vivement réclamée n’aurait d’autre résultat que de fonder le droit exclusif de la richesse particulière à la place de celui de la richesse publique, et de priver la société des bienfaits de la qualité, du bas prix et d’un revenu considérable qui est plutôt un bénéfice d’exploitation qu’un impôt, puisqu’il représente un tribut volontaire payé pour une faitaisie, et nous dirions volontiers pour une mauvaise habitude, s’il n’était pas aussi productif pour l’État.

Les avantages du monopole du gouvernement sont aujourd’hui assez bien appréciés par la raison publique, pour que la loi du 23 avril 1840, sur le maintien de ce régime d’exploitation des tabacs, jusqu’en 1882, ait été votée, dans les deux Chambres, par des suffrages presque unanimes, et pour que celle du 3 juillet 1852, qui le proroge jusqu’en 1863, ait été accueillie avec la même faveur.

La commission du Corps législatif, chargée de préparer cette nouvelle sanction du monopole temporaire adopté depuis 1810 pour l’exploitation et la vente des tabacs, a été tellement frappée des avantages qu’il procure au Trésor et des améliorations successivement introduites dans toutes les parties de cet important service, qu’elle a proposé d’en consacrer à toujours les utiles résultats par une disposition formelle de la loi projetée. Mais elle a malheureusement subordonné cette concession à l’État d’un monopole perpétuel, à la condition expresse que les quantités de tabacs actuellement demandées par la régie à la culture indigène ne seraient pas diminuées.

Une restriction aussi imprévoyante, imposée pour un