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et de la fabrication ; nous avons vu, disons-nous, l’industrie du sucre indigène se fortifier, s’enrichir et triompher du sucre exotique sur le marché intérieur, tandis que les colonies, deshéritées de leurs anciens rapports avec la mère patrie, s’appauvrissaient et se décourageaient chaque jour davantage sous l’influence des réformes trop précipitées, qui ont devancé, sans la préparer, une émancipation subite des noirs, destructive du travail et violemment prononcée par le gouvernement révolutionnaire de 1848.

Mais aussitôt que l’ordre a commencé à se rétablir, la législature a repris la tâche toujours plus difficile de concilier la coexistence des deux sucres rivaux. Une loi du 13 juin 1881 a tenté d’établir l’impôt sur la richesse absolue du sucre pur, évaluée à 99 p. 0/0, et, en même temps, de fixer le rendement normal à 98 p. 0/0, en graduant de deux centimes par degré centésimal le décroissement de la qualité des produits et du taux des droits. Cette appréciation rigoureuse de la valeur intrinsèque du sucre ne pouvait s’obtenir que par une découverte de la science procédant à l’aide de la polarisation de la lumière combinée avec une dissolution chimique.

L’instrument de précision qui devait résoudre un semblable problème n’est parvenu qu’à fonctionner dans le laboratoire expérimental, et s’est refusé à toute application pratique.

On a néanmoins compris pour la première fois, en 1851, que la prospérité croissante de l’industrie indigène et que la détresse prolongée de celle des colonies justifiaient en faveur de cette dernière, et spécialement à cause de l’éloignement du marché, une remise de 6 p. 0/0 pour les