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des plus dévoués agents du gouvernement impérial, dira plus tard : « Avec quels transports n’eût-il pas vu l’auguste fils de Henri le Grand, plus heureux encore que son immortel aïeul, entrant dans la capitale sur le char de la paix, répondant à tous les vœux par toutes les sages espérances, consolant le passé, et garantissant l’avenir par ses saintes promesses !… Avec quelle émotion n’eût-il pas vu la fin de tous les genres d’exil, ramenant au sein de la France tous ses enfants ! »

Delille avait repris sa chaire de poésie latine au collège de France. Quelques uns y voulaient voir un signe d’adhésion à l’empire, et le Grand-Maître de l’université, Fontanes, cherchant à rallier Michaud, lui citait Delille, son ami : « Il a pris cinq mille livres. — Mon Dieu, c’est un peureux, répliqua Michaud ; il en aurait même pris cent mille. »

Le 20 septembre 1804, un décret d’Aix-la-Chapelle créa 22 prix destinés à récompenser, tous les dix ans, au jour anniversaire du 18 brumaire, les meilleurs ouvrages et les plus utiles inventions ; un autre décret du 28 novembre 1809 en éleva le nombre à 35. Le jury littéraire désigna l’Imagination, l’Énéide et le Paradis perdu, regrettant de ne pouvoir couronner ses poèmes l’Homme des champs et les Trois règnes de la Nature. Le rapporteur était le rival de Delille, et son ennemi politique, Marie-Joseph Chenier, celui qu’injustement d’ailleurs Rivarol avait dénommé « le frère d’Abel Chenier ». Le 1er juillet 1809, un décret le nomma professeur d’histoire littéraire et de poésie française à la faculté des lettres de l’université à Paris.

Delille avait rapporté de ses voyages d’exil, des ouvrages qu’il publia peu à peu et qui mirent le comble à sa réputation. La Pitié, poème en 4 chants (1803) ; l’Énéide de Virgile en vers français (1804) ; le Paradis perdu (1805) ; l’Imagination, poème en 8 chants (1806) ; les Trois règnes de la Nature (1809) ; la Conversation (1812).

Tous ces ouvrages eurent un grand succès. Les Jardins, l’Homme des champs, plusieurs autres furent traduits en italien, en anglais et autres langues modernes. L’Homme des champs fut traduit en latin par Dubois (1808) et en hollandais par Bilderdick, de même