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Chazelles, et d’Éléonore Vachier. Son grand père, Gilbert Bérard, écuyer, conseiller du roi, contrôleur ordinaire des guerres, fit hommage au roi, en 1723, de la seigneurie de Tournebise en la paroisse de Saint-Pierre le Chastel. La famille fort honorable comptait, dit-on, parmi ses alliances, Pascal et le chancelier de l’Hospital. Mlle Bérard mourut en juin 1800.

Le père décéda, disent les uns, avant la naissance de son fils, entre le 27 mai, date de son aveu de paternité, et le 22 juin, date de la naissance ; cette prompte mort expliquerait cette singulière déclaration anticipée ; d’autres disent que ce ne fut que quelque temps après, laissant à l’enfant une très modique pension. Montanier voulait bien épouser ; les parents s’y opposèrent. Or, un Antoine Montanier, conseiller de son altesse sérénissime le duc d’Orléans et avocat général du duché de Montpensier, fils de François, aussi conseiller de son altesse, et procureur général au bailliage d’Aigueperse, et de Quintienne Bernard, épouse à Saint-Germain-Lembron, le décembre 1743, Anne de La Faye, fille de Jacques de La Faye, écuyer, gendarme de la garde du roi, et de Françoise Mounnet. C’est évidemment le même que l’amant de Mlle Bérard et le père de Jacques.

Pourquoi Jacques Delille et non pas Jacques Montanier ? La chronique locale mentionnée par Bouillet[1] d’après des personnes ayant beaucoup connu l’abbé Delille, entre autres le comte de Montlosier, rapporte que Mlle Bérard habitait le château de Tournebise près Pontgibaud, et aimait beaucoup une promenade sur les bords de la Sioule, dans un pré qui porte encore le nom de « Pré de l’île » où de grands arbres touffus ombrageaient ses amours. Elle en donna le nom à son fils lorsque, retiré de nourrice, il fut placé par ses soins chez M. le curé de Chanonat.

Chanonat est un village à 12 kilomètres sud de Clermond-Ferrand. On y montre aux touristes la maison où est né Delille ; — on la montre aussi à Clermont et à Aigueperse, — et la petite chambre où il travaillait. C’est une ancienne commanderie où Delille a pu

  1. Tablettes d’Auvergne (1840, t. I p. 289)