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argile. Il les moulait. Le procédé a été indiqué dans un recueil sans titre de la fin du seizième siècle, d’où M. André Pottier l’a extrait pour la page 67 du tome II de ses Monuments français inédits.

« On se servait, pour préparer le motif de la composition, d’un plat d’étain sur la surface duquel on collait, à l’aide de térébenthine de Venise, le lit de feuilles à nervures apparentes, de galets de rivière, de pétrifications, etc., qui constitue le fond ordinaire de ces compositions ; puis sur ce champ on disposait les petits bestions (comme les appelle le naïf compilateur), qui devaient en former le sujet principal ; on fixait ces animaux, reptiles, poissons et insectes au moyen de fils très-fins qu’on faisait passer de l’autre côté du plat, en pratiquant à ce dernier de petits trous avec une alène, et enfin l’ensemble ayant reçu tous ses perfectionnements par l’exécution d’une foule de détails variables, suivant les circonstances, on coulait sur le tout une couche de plâtre fin, dont l’empreinte devait former le moule. On dégageait ensuite avec soin les animaux de leur enveloppe de plâtre, et rien n’empêchait qu’on ne les fit servir immédiatement à recomposer un nouveau motif. » Tel fut le procédé de Palissy. On s’explique ainsi que des exemplaires du même ouvrage soient de bien moindre valeur, selon que la matrice avait été déjà plus fatiguée. Un très-grand nombre de ses moules étaient restés en Saintonge. Le dernier possesseur, il y a quelque trente ans, ennuyé de voir son grenier encombré de ces objets inutiles, les jeta tous parmi des déblais.