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est la même. L’auteur lançais, en transcrivant la phrase de mémoire probablement, a cédé à son goût pour l’antithèse. Du reste une pointe de plus ne faisait pas de tort à Sénèque.

Je le demande : l’identité des situations n’amène-t-elle pas le soupçon à l’esprit ? Le pamphlétaire n’a-t-il pas pu combattre les catholiques avec des armes empruntées à Sénèque ? La réponse de Mégare est belle. Il l’a trouvée telle, et a pensé qu’il serait glorieux pour le protestantisme si quelque huguenot la faisait au faible Henri III. Vétille, dira-t-on ? Cogi qui potest, nescit mori ; ou bien, Qui mori scit, cogi nescit, qu’importe ? En effet, le point est peu grave. La citation est inexacte, voilà tout. Mais examinons le récit lui-même.

« Il y a quarante-cinq ans, dit le roi à Palissy, que vous êtes au service de la reine et de moi. » Le sens exigerait peut-être « ou de moi. » Passons. Ce chiffre de quarante-cinq ans est formel. Nous sommes en 1588 ; il nous reporte donc à 1543. Or, en 1543, que faisait Maître Bernard ? Il tâtonnait « en ténèbres » pour trouver l'émail. Il y travaillait depuis déjà quatre ou cinq ans, et il y employa seize ans, de 1539 à 1555.

Je sais qu’à cette époque 1543, il fut employé pour la gabelle. Les commissaires, envoyés en Saintonge pour établir l’impôt du sel, le chargèrent de lever le plan des marais salants de la contrée. Mais cette commission dura quelques mois ou un an au plus. Quand son travail fut terminé, il retourna à ses fours. Peut-on admettre qu’il ait continué à émarger,