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Jusqu’alors les chefs avaient pu diriger le mouvement. Ils durent s’avouer impuissants à le contenir. C’est le peuple qui les poussait, c’est-à-dire une masse ignorante et fanatisée. Tous ceux qui étaient soupçonnés, non pas d’hostilité contre la Sainte-Ligue, mais seulement d’indifférence pour le salut de la foi, étaient molestés, menacés, emprisonnés. Les haines particulières dans ces troubles avaient beau jeu. Combien de bons catholiques furent traités comme huguenots !

Bernard Palissy avait deux fois échappé à la mort. Il n’évita pas alors la prison. Ses protecteurs étaient morts ; il était vieux et incapable de fuir. Le souvenir de ses services était affaibli ou perdu. Peut-être même l'éclat de ses leçons avait appelé sur lui l’attention. Il fut dénoncé par un de ses anciens coreligionnaires et arrêté en 1587 ou 1588.

Le potier géologue eût été digne d’être oublié.

Il se trouvait parmi les Seize un furieux persécuteur des protestants. Mathieu de Launay, né à la Ferté-Alais (Seine-et-Oise), d’abord prêtre catholique et docteur en théologie, avait en 1560 jeté le froc aux orties pour se marier. Les protestants avaient avec joie accueilli l’apostat, et, comme dédommagement, avaient fait de ce prêtre infidèle un homme vêtu de noir qui dit des choses honnêtes, selon l’expression de Joseph de Maistre. Mathieu de Launay fut ministre en divers endroits, notamment à Heidelberg. Il était en dernier lieu à Sedan depuis plusieurs années, lorsque la découverte de ses relations adultères avec