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tique, la Ligue fut une grande et populaire croisade contre le calvinisme, contre la féodalité protestante et contre l’étranger. Déplorons ses excès. Dans ce déchaînement des passions religieuses il y eut des crimes. Dans ce zèle pour la défense de la foi il y eut du ridicule ; dans cette triple lutte pour la foi, l’indépendance civile et l’autonomie nationale, il y eut des torts. La Satyre Ménippée nous l’a dit ; elle nous a rendu grotesques ces efforts des bourgeois pour se maintenir libres et catholiques, et d’un peuple entier prenant en propres mains sa cause mal protégée et trahie par l’ineptie, la faiblesse, l’ambition ou la duplicité. Le but secret, en effet, des vrais chefs de la Ligue, était un changement de dynastie où nous voyons fort bien ce qu’y eût gagné la maison de Lorraine, mais non aussi clair ce que la nation y eût trouvé d’avantageux, le peuple de bien-être et de meilleur. Le protecteur de la Ligue, de son côté, le roi d’Espagne, avait aussi ses vues : il espérait bien l’asservissement de la France. Ainsi la religion pour les chefs n’était qu’un masque. Ligueurs et protestants s’entendaient sur ce point. Le roi de Navarre et le duc de Guise se pouvaient donner la main... « Pour la religion dont tous les deux font parade, disait au jeune de Thou, Michel de Montaigne, c’est un beau prétexte pour se faire suivre par ceux de leur parti ; mais la religion ne les touche ni l’un ni l’autre. » Il n’en est pas moins vrai que la bourgeoisie et le peuple qui créèrent, formèrent et soutinrent l’association, n’étaient animés que par le désir de sauver leur foi menacée. Politiques à vues courtes, emportés par