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de la surface. Si donc l’Océan a débordé, ils sont restés dans son ancien lit.

Mais il y a des coquilles dans les pierres, dit Cardan. Qu’importe ? Croit-on que la mer seule en produit ? La terre, par ses ruisseaux et ses rivières, en engendre autant. On ne les voit pas en tous lieux, parce que tout endroit ne leur est pas propice, comme tout climat n’est pas favorable à la vigne ou aux orangers, et ensuite qu’ils ont pu disparaître.

Qu’on n’argue donc pas de la disparition des espèces. Les millions de coquillages qui existent dans les terres prouvent que les êtres qui les portaient y ont vécu. Ils « ont été engendrez sur le lieu mesme pendant que les rochers n’estoyent que de l’eau et de la vase, lesquels depuis ont esté pétrifiez avec les dits poissons. » Page 475.

On a eu beau s’égayer au dix septième et au dix-huitième siècle, Voltaire en tête, de cette opinion. EHe est restée dans la science. Fontenelle, un des premiers, protesta contre l’ignorance de son époque en ces matières, et vengea Maître Bernard des railleries des demi-savants. « Un potier de terre qui ne savait ni latin, ni grec, écrit-il en 1720 dans l’Histoire de l’Académie des sciences, fut le premier, vers la fin du seizième siècle, qui osa dire dans Paris et à la face de tous les docteurs, que les coquilles fossiles étaient de véritables coquilles, déposées autrefois par la mer dans les lieux où elles se trouvaient alors que des animaux, et surtout des poissons, avaient donné aux pierres figurées toutes