Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/419

Cette page n’a pas encore été corrigée

granit, qui va jusqu’aux profondeurs de la terre, a des milliers de mètres. Il y a longtemps qu’il existe ainsi et les pluies ne lui apportent rien. Au fond de la mer, se forment des pierres. Elles paraissent à chaque révolution du globe. Mais la terre n’en produit pas. À travers ces couches on trouve des filons, qui ne sont que des jets de matière que la masse liquide du globe se dilatant lançait en faisant éclater sa croûte trop resserrée. Le phénomène est vrai ; l’explication est erronée.

C’est qu’en parlant de la formation des pierres en général, Palissy songeait sans doute en particulier aux stalactites, aux stalagmites ou au tuf calcaire, à la formation desquels nous pouvons assister. Et ici, il a raison.

Il a raison aussi quand il dit que les minéraux n’ont point d’âme végétative, mais se forment par augmentation congélative. Changez les termes ; vous aurez le principe moderne « que les corps organiques s’accroissent par intussusception, et les corps inorganiques par juxtaposition, » expression qu’on trouve un demi-siècle plus tard, en 1628, dans les Merveilles de France, par Jean-Cécile Frey, Admiranda Galliarum, où il est écrit : « Beaucoup de philosophes sont d’avis que les pierres s’accroissent non par apposition, mais, comme il disent, par intussusception : Multis jam probare philosophis non per appositionem sed per intussusceptionem, ut loquantur, alimentum subministrari. »

En lisant dans ce grand livre de la nature, il donna le premier une théorie raisonnante de la cristallisa-