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Cette masse prodigieuse de pierres employées depuis la création étonne Palissy. Il affirme que, si, depuis ce temps, il ne s’était pas formé d’autres pierres, il n’en resterait plus une seule. Illusion d’optique ! A-t-il calculé combien de palais et de maisons peuvent, en les supposant toutes construites en pierre de taille, sortir d’une montagne comme le Caucase et d’une chaîne comme les Alpes et les Pyrénées, sans compter les Cordillères ou l’Himalaya ? Ces débris du temps et des hommes, ces érosions des montagnes par les eaux pluviales, ont pu peut-être, ainsi que les atterrissements de nos fleuves, exhausser le niveau du sol comme les déblais de nos maisons élèvent les rues de nos villes ; mais c’est tout. Palissy cependant ne veut point que de nouvelles pierres croissent pour remplacer les anciennes : « car les pierres n’ont point d’âme végétative, mais insensible ; par quoy elles ne peuvent croistre par action végétative. » Mais les pierres s’augmentent. La pluie qui a rongé un rocher s’enfonce, chargée de matière pierreuse ou métallique, dans la terre, jusqu’à ce qu’elle rencontre un fond pour s’arrêter et y déposer ses molécules. Ces parties s’ajoutent à celles qui existent déjà ; et ensemble elles forment un tout durci, « comme qui jetterait de la cire fondue sur une masse de cire déjà congelée. »

Il y a là un mélange de vrai et de faux. Les diverses couches ne peuvent certainement pas être attribuées à des dépôts successifs apportés par les pluies s’infiltrant dans la terre. Les couches de pierre ont plusieurs centaines de mètres d’épaisseur. Le