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ver des glaçons tout lardés de tanches ou d’ablettes. Car savez-vous la force de la gelée ? L’eau qui se glace a une telle force qu’elle détruit les êtres les plus vigoureux, et fait éclater les substances les plus résistantes. Les blés cèdent à sa puissance. Les pierres des montagnes des Ardennes s’entr’ouvent, quoique plus dures que le marbre et l’on a vu au dégel d’énormes rochers tomber, que la gelée avait fendus. Et les poissons, ces êtres si faibles, résisteraient !

Une autre preuve. Quand la surface d’un cours d’eau est glacée, il y a entre cette croûte et l’eau un espace ; l’eau a baissé. Des glaçons qui sont restés attachés à la rive tombent dans l’eau avec des pierres et des terres. Le poids de ces cailloux les fait enfoncer. Mais voilà qu’arrivés dans l’eau ils se dissolvent peu à peu, se dégagent des terres et pierres qui les retenaient, et remontent aussitôt à la surface du courant où ils se réunissent pour former la glace. C’est ce phénomène qui a trompé les gens peu observateurs. En voyant des glaçons s’élever du fond, ils ont conclu qu’ils s’y formaient. C’est parce que l’eau est plus chaude au fond qu’à la surface, que ces glaçons tombés ont pu se débarrasser de leurs corps étrangers. Cette chaleur intérieure ne peut être mise en doute. Les poissons la connaissent. En hiver ils sont au fond de l’Océan. Les grenouilles elles-mêmes s’enfoncent dans la vase. Faut-il croire que ces pauvres bêtes vivent entre deux couches de glace ?

Considérons maintenant la forme des glaçons. Ils sont plats et unis comme verre. S’ils sont parfois raboteux et bossus, c’est que d’autres sont venus se