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de cet avis. Il pense en outre que Mithridate, forcé, pendant sa jeunesse orpheline, d’habiter les bois et les campagnes, usa de noix, figues, rue et sel marin, simplement pour se préserver des exhalaisons pestilentielles qui s’élevaient des marécages du pays. Ce moyen lui avait évité peut-être les fièvres paludéennes. On en conclut qu’il l’avait aussi sauvé du poison. Et comme on a appelé macédoine un mets composé de divers légumes et un volume formé de pièces disparates, ce qui n’a certainement qu’un rapport lointain avec le royaume d’Alexandre, fils de Philippe, on aurait ainsi donné à quelque salmigondis d’ingrédients pharmaceutiques, le nom du roi de Pont et de Bithynie. Est-ce qu’on n’a pas nommé encore mithridate des recueils polyglottes, parce que le célèbre monarque savait vingt-deux langues ? Les médecins, habiles gens, baptisèrent aussi mithridate une drogue de leur invention. Ce nom la mettait en faveur, et lui prêtait sans doute quelque vertu. Elle en avait besoin.

Palissy dit indistinctement mithridat ou thériaque. Andromaque, de Crète, médecin de Néron, augmentant quelque peu l’Antidotum Mithridatis, y fit entrer de la chair de vipère. Ainsi on pratiquait déjà le principe des homœopathes : Similia similibus curantur. Comme ce singulier mélange, dont la viande de vipère faisait partie, devait préserver ou guérir de la morsure des bêtes venimeuses, il ne pouvait échapper à son nom. On l’appela thériaque θηριακή, du mot grec θήρ θήρός qui signifie précisément animal farouche et méchant. Ajoutons qu’on nomma thériaque