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métaux, pour de là venir à la monnoie, » attendit que la foule se fût écoulée et se présenta devant le professeur. C’était Alexandre de la Tourrette, président des généraux des Monnaies de France. L’année précédente, 1574, à Lyon, il avait publié un Discours des admirables vertus de l’or potable. Il s’était senti blessé des attaques de Maître Bernard. Déja, cette année même, Jacques Goherri, sous le pseudonyme de Leo Suavius, avait répondu par un Discours où il défendait « la philosophie et médecine antique contre la nouvelle paracelsique. » Mais Alexandre de la Tourrette crut avoir plus facilement raison du potier. Il lui déclara net qu’il s’était trompé, que lui savait faire l’or potable de deux manières. Cela n’est pas bien difficile à qui veut verser en doses réglées de l’or pur et de l’eau régale dans une solution d’essence de romarin et d’alcool. Mais la passion l’aveuglait : car l’orateur n’avait pas nié l’existence de l’or potable, mais seulement son efficacité curative. Palissy s’expliqua de nouveau, et maintint énergiquement ce qu’il avait déjà enseigné. Alexandre de la Tourrette fut-il convaincu ? Non : car en 1579 il donnait encore une nouvelle édition de son fameux livra prouvant « que la chimie ne doit estre révélée, sinon aux enfants de philosophie. » Réclama-t-il les quatre écus promis ? c’est douteux. Le Saintongeois avait de soi-même une trop bonne opinion pour s’avouer battu en les lui donnant.

L’adversaire des alchimistes eut une satisfaction plus grande. Ses opinions furent professées à la Faculté de médecine de Paris par un savant médecin,