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À l’époque même où Palissy faisait ses cours, un Normand natif de Falaise, Roc de Baillif, seigneur de la Rivière, grand disciple de Paracelse, publia à Paris un livre tout à la louange de son maître et de la chimiâtrie. Il est intitulé Premier traité de l'homme et de son essentielle anatomie avec les éléments, in-8°, 1560.

On comprend donc comment Bernard Palissy a pu insister sur les effets de l’or potable. C’était la question du moment ; il n’était pas homme à la passer sous silence. Il l’aborda franchement.

Bon nombre de médecins, il le sait, emploient l’or comme médicament. Les uns font bouillir des pièces d’or dans le ventre d’un chapon, et en servent le bouillon aux malades, prétendant que le liquide a retenu quelques parcelles du métal : ce qui est faux. 11 n’y a qu’à peser la pièce avant et après la cuisson.

Les autres font avaler de la limaille d’or dans la tisane, ce qui est pire que si l’on mangeait du sable. Ceux-ci emploient l’or en feuilles dont se servent les doreurs, et ne réussissent pas davantage. La plupart le réduisent en poudre au feu, comme si l’estomac débile, qui ne peut supporter une pomme cuite, pouvait digérer un métal que le creuset n’a pu consommer ; on peut le prendre, mais il ne servira pas plus d’aliment que du sable que l’on boirait ; et si un homme pouvait se nourrir d’or, ce serait une belle idole ! Les alchimistes affirment que l’or est éternel ; il ne peut donc, comme la viande ou le pain, se transformer en sang et en chair.

Paracelse et toute sa séquelle auront beau dire ;