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les fontaines et les métaux. Il avait tenu parole. Le terme « autres natures mis sur l’affiche était vague ; il lui permettait de faire entrer dans son programme à peu près ce qu’il voudrait. Il y mit l’or potable. C’était une conséquence de son discours sur l’alchimie.

L’or potable, liquide composé d’une huile volatile versée dans une dissolution de chlorhydrate d’or et dissoute dans de l’alcool, est fort ancien. Les Égyptiens le connaissaient, et Moïse aussi, qui avait appris leurs sciences secrètes. Le veau d’or n’a pu être avalé par les Israélites qu’après avoir été rendu liquide. Le célèbre chimiste allemand Stahl, auteur du système de l’animisme, donnait la recette dont avait pu se servir le chef hébreu. Mettez dans un creuset trois parties de sel de tartre et deux parties de soufre contre une d’or. Après la fusion vous aurez un hepar sulfuris qui se pulvérisera. Il se fondra facilement dans l’eau. L’eau sera rouge, chargée d’or, et d’un goût semblable à celui du magistère de soufre. Mais vous aurez de l’or potable : car l’or se sera tellement divisé dans ce mélange qu’il passera avec le liquide à travers une feuille de papier.

Paracelse, mort en 1541, avait contribué à donner la vogue à l’or potable du temps de Palissy. Déclamateur verbeux et impudent, il célébrait sur tous les tons l’or potable ; il se vantait de pouvoir prolonger la vie à son gré, ce qui ne l’empêcha pas de mourir dans un âge fort peu avancé, à quarante-huit ans. Les empiriques, ses confrères, faisaient chorus, et exaltaient les singulières propriétés de leur or : c’était le moyen d’attraper celui des autres.