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si de son creuset sortira châtaigne ou noix. » La réponse serait facile. Palissy lui-même l’a faite ; car il ajoute que de ces substances les unes sont végétatives, les autres inorganiques. Là est, en effet, la différence.

Les métaux amènent Palissy à nous parler de ces vives couleurs irisées des coquilles marines. Pour en trouver toute l’explication, il a « considéré que la cause de l’arc céleste n’estoit sinon d’autant que le soleil passe directement au travers des pluyes qui sont opposites de l’aspect du soleil. » L’arc-en-ciel ne se montre jamais qu’à l’endroit où la pluie tombe, et à l’opposé du soleil. Or le poisson, pour construire sa maison, se plaçant en face du soleil, sur une roche baignée par la mer, il arrive que les rayons de l’astre, passant à travers l’eau et augmentés d’intensité par la réverbération, viennent donner contre les matières aqueuses de la coquille, qui ainsi en retiennent les couleurs.

Cette explication de la coloration des coquillages est certainement fausse. Mais elle ne pouvait venir qu’a un esprit éminent. Car, en se trompant sur les coquilles, il entrevoit la vérité sur l’arc-en-ciel. Il y a en germe la théorie de la décomposition de la lumière, et l’explication de l’arc pluvial. Cette découverte qui, à elle seule, pourrait suffire à la réputation de Descartes et à celle de Newton, on en attribuera l’idée première à Antonio de Dominis, archevêque de Spalatro, qui l’émit en 1611, dans son traité De radiis in vitris perspectivis et iride. Ne faudrait-il pas, pour être juste, en faire gloire au potier qui faisait de l’optique en 1575 ?