Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/361

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

preuve de la discussion publique. Dans ses méditations solitaires, sans guide, sans conseil, sans contrôle, n’avait-il pas pris des rêves pour la réalité et des chimères pour la science ? Il espérait donc pouvoir tirer de ses auditeurs « quelque contradiction qui eust plus d’assurance de vérité, que non pas les preuves » qu’il mettait en avant, et que « il y en aurait de Grecs et de Latins » qui lui « résisterait en face. » Pour donner plus de hardiesse à ses adversaires, ses affiches portaient que, si ses paroles étaient trouvées fausses en quelque endroit, il rendrait le quadruple du prix d’entrée. Pensée singulièrement désintéressée ! Parmi les gens qui parlent, combien accepteraient cette condition !

Le jour indiqué, Palissy put faire sa leçon. Nulle défense ne vint fermer son cours avant qu’il fût ouvert, et l’autorisation, dont il n’avait pas eu besoin, ne lui fut pas retirée. En un siècle qu’on nous donne comme l’époque du fanatisme par excellence, au lendemain de la Saint-Barthélemi et à la veille de la Ligue, n’est-il pas instructif et curieux de voir des conférences publiquement faites, sans permission, sans obstacle, par un huguenot ?

Comme l’avait annoncé l’affiche, la première conférence roula sur les eaux et fontaines. La question était importante et l’est encore. Quand on réfléchit à l'influencé des eaux sur la santé publique, on est effrayé du peu de soin qui leur est donné généralement. De remarquables efforts ont été tentés dans ces dernières années pour procurer aux villes une eau salubre et abondante. A-t-on toujours fait passer les