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d’ignorance. L’un prend les dragons qui servent d’étendards aux Parthes pour de véritables monstres que les soldats portent attachés à des piques et qu’ils lancent contre l’ennemi. L’autre raconte qu’un général d’un seul cri a tué vingt-sept Arméniens[1]. Mais comme la façon de dire vaut quelquefois mieux que ce que l’on dit, on s’évertue à attirer, à charmer l’auditoire par quelque singularité. Adrien de Tyr parle si mélodieusement, qu’on croirait ouïr un rossignol. Hérode Atticus a plus de variété dans la voix que les flûtes et les lyres. Le gosier de Varus a tant de flexibilité qu’à l’entendre on danserait comme au son des instruments. Les femmes même s’exercent à la parole publique. Mais de peur que leurs charmes ne fissent trop d’impression et qu’on ne donnât à leur beauté les applaudissements dus à leurs discours, elles étaient séparées par un voile de leurs auditeurs. S’ils étaient séduits, ce ne pouvait être que par l’éloquence. Il faut lire dans la Vie des sophistes de Philostrate, dans Plutarque et dans Lucien, ce qu’étaient ces séances, véritables parades où s’escrimaient l’ignorance, la vanité, la jalousie. Ce serait à dégoûter pour jamais des conférences et des lectures publiques. Enfin, la sombre avalanche du Nord emporta ce qui restait de disputeurs et de spectateurs.

Quand la littérature refleurit avec le christianisme, malgré les cris des païens et les édits des empereurs, qui voulaient interdire aux chrétiens l’étude des lettres profanes, les œuvres de Virgile et d’Homère,

  1. Lucien, sur la Manière d’écrire l’Histoire.