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chante que, dans ces figures, je vois le reflet de l’âme de l’artiste. »

Le mal est que tous ces sujets ne sont pas de lui.

Après sa mort, ses continuateurs immédiats, usant de ses procédés et de ses moules dont la loi leur assurait la propriété, soit maladresse, soit lassitude, ne livrèrent plus au public que des œuvres médiocres, sans relief, sortant de moules fatigués et usés. Éteignirent-ils leurs fours, ou s’adjoignirent-ils d’autres ouvriers plus habiles ? On l’ignore. Mais il est certain que, dans les dix premières années du dix-septième siècle, plusieurs fabriques s’élevèrent çà et là. Anvers en eut une. De là sont venus en particulier les plats armoriés de deux prélats de cette ville, dont il a été question. Rouen et la Normandie continuèrent, sans aucun doute, à envoyer leurs épis de faîtage et probablement d’autres pièces. Trois émailleurs sur terre, Jehan Biot, dit Mercure, Jehan Chipault et son fils, figurent dans les états des officiers domestiques du roi, et de 1599 à 1609 reçoivent par an 30 livres de gages. En mars 1640, un certain Antoine de Cléricy, de Marseille, ouvrier en terre sigillée, fut autorisé, par lettres patentes, à fonder un verrerie royale non loin de Fontainebleau. Ce devait être un déserteur de la faïencerie voisine d’Avon. Là, en effet, existait, sous Henri IV, un établissement où l’on fabriquait des terres émaillées et particulièrement des sujets en ronde-bosse. Ce sont ces fours d’Avon, près du château de Fontainebleau, qui ont cuit ces mille petits personnages si finis d’exécution, si brillants d’émail, si heureux d’expression, si naïfs de pensée, qu’on n’a