Page:Audiat - Bernard Palissy : étude sur sa vie et ses travaux.djvu/328

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gance ou la perfection du travail. Les vendeurs, connaissant l’engouement du public, spéculaient aussi sur la mode. Le nom de l’auteur est pour beaucoup dans le mérite extrinsèque de l’œuvre. Telle pièce émaillée, tel tableau, chefs-d’œuvre d’un inconnu seront cotés à un taux bien moindre que l’essai informe du maître. Les faïences d’Oiron, dites faïences de Henri II, ont monté à des prix fabuleux. Un chandelier a été vendu 16,000 francs ; une coupe 12,600 ; un pot à l’eau 20,000 ; M. Magnac, en Angleterre, à l’époque de l’Exposition de Londres, refusait 25,000 fr. d’un grande aiguière qu’on croyait de Girolamo della Robbia, parce qu’elle portait un G sur la panse, tandis que c’était l’initiale de Gouffier, pour qui elle avait été fabriquée. « Les vrais objets d’art, dit à ce sujet M. Fillon, atteignent souvent à peine la vingtième partie de ce prix. Des toiles du Poussin, de Lesueur, de Chardin, de Prudhon, des sculptures des grands maîtres du seizième siècle, ne peuvent entrer en concurrence avec les faïences de l’ouvrier poitevin. Au mois de décembre 1863, la Famille Gérard, par David, l’une des peintures les plus magistrales des temps modernes, était adjugée pour quelques centaines de francs, en présence d’une nombreuse assemblée de collectionneurs qui s’arrachaient des Baudoin, des Pater, et Lancret. La moindre salière des Gouffier, si elle se fut trouvée parmi les curiosités du même cabinet, se fût vendue le double d’un dessin capital de Raphaël. » (P. 1l2, Art de terre.)

Les statuettes et les groupes émaillés ont joui et jouissent encore d’une belle réputation. Qui ne con-