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expliquer, et qu’on met gratuitement peut-être sur le compte des continuateurs. Des interruptions aussi fréquentes ne devaient guère être favorables au développement régulier de l’émaillerie. Aussi voit-on de rapides changements dans la manière de maître Bernard. Sous l’influence des idées régnantes ou par suite de ses propres réflexions, l’artiste modifie ses procédés ou son style. La transition est quelquefois brusque, le plus souvent graduée et ménagée. Le potier saintongeois, dans l’espace de dix ans, fit dans son genre une révolution complète. De son retour à Paris, après le voyage de Sedan, peut dater pour son talent une quatrième période, la dernière. Alors les rustiques figulines disparaissent ; plus de ces bassins chargés de plantes fluviales, d’animaux aquatiques, d’êtres marécageux. Ce sont des personnages qui occupent le premier plan de ses compositions. Les feuillages et les fleurs qui garnissaient le bord des vases et des aiguières dans la deuxième période font même place à des rinceaux fleuris, à des arabesques, puis à des oves, des godrons, enfin à des marguerites blanches, des fleurettes jaunes et quelques feuillages symétriquement rangés. La faune et la flore ne fournissent plus que de rares motifs. « À peine, dit M. Fillon, quelque pauvre lézard vert se trouve-t-il égaré dans le fond violacé d’un plat ou se tient-il piteusement accroché le long d’une anse enrichie de mascarons grimaçants. Il est bien plus maltraité encore par les faïenciers de la Famille de Henri IV, qui le relèguent en compagnie d’une couleuvre ou d’une salamandre, sur un morceau de