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faire connaître le personnage. Il s’imagina qu’une espèce de marne pulvérisée qui est en Touraine, était un magasin de petits poissons de mer. Des philosophes le crurent. Ces milliers de siècles, pendant lesquels la mer avait déposé ses coquilles à 36 lieues dans les terres, les charmèrent, et me charmeraient tout comme eux, si la chose était vraie.

« ...Mais on aime les systèmes ; et depuis que Palissi a cru que les mines calcaires de la Touraine étaient des couches de petoncles, de glands de mer, de buccins, de phollades, cent naturalistes l’ont répété. »

Buffon, juge un peu plus compétent en histoire naturelle, soutint l’opinion de Palissy. Voltaire ne voulait pas renoncer à la sienne.

« Est-ce d’ailleurs, dit-il à l’article Coquilles du Dictionnaire philosophique, une idée tout à fait romanesque de faire réflexion à la foule innombrable de pèlerins qui partaient à pied de Saint-Jacques en Gallicie et de toutes les provinces, pour aller à Rome par le mont Cenis, chargés de coquilles à leurs bonnets ? Il en venait de Syrie, d’Égypte, de Grèce comme de Pologne et d’Autriche. »

Buffon allait riposter. Son adversaire le désarma par cette saillie : « Je ne veux pas me brouiller avec M. de Buffon pour des coquilles. »

Pour Palissy, les savants l’ont suffisamment vengé des railleries superficielles de l’auteur des Colimaçons, qui ne l’avait certainement pas lu.

Les Ardennes furent le pays où il passa le plus de