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blanche, ainsi qu’en Champagne et en Valois, tandis qu’en Flandre et en Allemagne elle est grise ou jaune. C’est avec une argile semblable que Troyes façonne des creusets très-recherchés des orfèvres. À Montreuil, dans le Valois, petit pays de l’Ile-de-France, dont la capitale, Crespy, n’est plus qu’un chef-lieu de canton du département de l’Oise, près d’un prieuré de bénédictins, le voyageur a remarqué des coquillages qui n’étaient encore qu’à moitié pétrifiés. Près de Soissons, ces coquilles fossilisées sont en si grande quantité dans la montagne, qu’on en trouve en quelque endroit qu’on creuse. Il dit vrai. Tout le Valois, en effet, est plein de corps marins, vis et cammes, d’un volume considérable ; tellines, limaçons à bouche ronde et à bouche aplatie, en quantité. La Champagne lui offre des espèces de pourpres et de buccins, dont il a été obligé de faire chercher les pareils jusque dans les Indes et en Guinée ; car, par suite de changements atmosphériques et de révolutions géologiques, certaines espèces de végétaux ou d’animaux disparaissent des contrées qui les produisaient jadis. L’homme s’unit aux éléments pour une guerre à mort contre la création. Il s’acharne surtout avec tant d’âpreté à la poursuite des animaux comestibles, qu’il en détruit même la semence. Aussi est-il forcé de se nourrir de ce dont autrefois il n’aurait pas voulu manger. « De mon temps, continue le voyageur, on dédaignait grenouilles et tortues, pieds, têtes et ventre de moutons ; ce sont maintenant des mets très-friands. »

En Lorraine, il voit faire le sel (page 259). Là